Sous le règne de Louis XIV Bordeaux connu une période troublée, en 1675 la révolte de la Fronde éclata et le roi décida d’agrandir notre château Trompette en en dégageant les abords : le couvent des Dominicains et son église – érigés au XIIIe siècle sur les Allées de Tourny – furent donc rasés en 1678 pour faire place au glacis du château. La communauté des Dominicains prospérant décida de reconstruire un grand couvent avec deux cloîtres (le seul restant est l’actuelle Cour Mably). Une église spacieuse y fut adjointe : Saint-Dominique !
Les travaux commencèrent le 27 juin 1684 sur un terrain que les Jacobins venaient d’acquérir. En raison de la proximité d’un autre couvent, celui des Récollets, les Dominicains s’engagèrent à ouvrir l’édifice à l’est pour ne voir les autres ! Ce fut l’architecte-ingénieur du Roy en Guyenne, Pierre Michel de Duplessy qui en dressa les plans. A sa mort le 30 juillet 1693, le père dominicain Jean Fontaine fut chargé de suivre et de terminer les travaux de construction. Le clocher fut terminé en 1696, en février 1700, Louis XIV autorisa la construction de la voûte mais en limita l’épaisseur à un demi-pied, soit 16 cm environ de manière à empêcher les Bordelais d’y monter un canon pouvant tirer sur son château Trompette… L’église fut achevée en 1707, dédiée à Saint-Dominique, elle devint sous la Révolution le Temple de la Raison, puis, de l’Etre Suprême. Rendue au culte après 1801 elle fit office de cathédrale entre août 1802 et juillet 1803, puis fut érigée en église paroissiale placée sous le vocable de Notre-Dame !
Elle comporte une large nef de 60 mètres de long, voûtée en plein cintre, avec deux bas-côtés d’arêtes de sept grandes arcades où s’ouvrent les chapelles latérales. Deux larges balcons arrondis en ferronnerie surplombent la nef. Elle se termine par une abside polygonale couverte, en cul de four à pans, avec une ouverture zénithale. Cette ouverture ainsi que les fenêtres hautes de la nef au-dessus de la galerie diffusent une douce et abondante lumière.
La façade est un pur chef d’œuvre d’art baroque français, elle a été sculptée par Pierre Berquin et ses fils. Elle est divisée dans sa hauteur en deux niveaux distincts habilement réunis par deux étages de colonnes et de pilastres accouplés et superposés qui lui donnent un remarquable mouvement ascensionnel. Une large frise à décors de rinceaux souligne la longue corniche ornée de roses et de modillons sculptés. Les oppositions de forme sont bien marquées. A la forme arrondie des fenêtres et de la partie centrale s’opposent les rectangles des murs et des portes, les triangles des frontons. Un magnifique bas-relief au-dessus de la porte centrale rappelle l’apparition de la Vierge Marie offrant à Saint Dominique un chapelet.
Dans la nuit du 27-28 mai 1971 une pierre se détacha de la nef entrainant avec elle une partie de la voûte. Les Monuments Historiques restaurèrent l’édifice et une partie importante de son mobilier (peintures du chœur, tableaux des chapelles, vitraux, stations du chemin de Croix, grilles), l’ancien plancher fut remplacé par un dallage et un éclairage indirect fut mis en place pour mettre en valeur les volumes intérieurs ainsi que la belle pierre blonde d’origine !
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