Soulac-Sur-Mer et ses maisons de poupées

Dès les années 1830 ce petit bout de littoral bordé de belles plages, de forêts et de marécages attire les girondins et les charentais. Alors que les terres de Soulac avaient presque été oubliées avec l’ensablement de sa basilique millénaire, dégagée et restaurée au milieu du XIXème siècle, le tourisme balnéaire va pouvoir commencer, avec l’apparition du premier casino en 1878, l’installation des services administratifs et la multiplication des villas hygiénistes, cette fin de XIXème siècle est le signe d’un essor qui continue encore !

Cette pointe septentrionale du Médoc n’avait rien d’engageant sur son histoire pour l’installation humaine, vents et courants se font régulièrement violent, le sol n’est guère fertile, pas de vignoble possible, des marécages l’éloignent de l’estuaire… Seule la douceur de vivre au milieu des pins, au bord de l’océan, en ce finistère peut motiver l’habitat, ou le pèlerinage vers la basilique de Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres, justement nommée. La carte postale touristique est dessinée et prête à servir, non loin de Royan et du rayonnement d’Arcachon plus au sud. Aurons-nous une riviera girondine ?

C’est ce qui se passe en tout cas depuis la fin du XIXème siècle, d’abord réservées à quelques locaux pour y faire un habitat permanent en liaison avec le phare de Cordouan et Royan, les premières maisons sont charmantes mais pas encore grandiloquentes. Les matériaux, pierre calcaire et brique, viennent de Charente ou sont produits sur place. C’est avec l’intérêt pour le tourisme hygiéniste, orienté ici sur les bains de mer, l’air pur iodé ou venant de la pinède, que les gens font s’installer sur ce bout de terre récemment relié à Bordeaux par le chemin de fer, en 2 heure de route à travers les vignes et forêts l’on peut se faire une belle escale, en mer ou en ville ! Un nouveau lieu de villégiature saisonnière pour les bordelais, girondins et charentais de la classe moyenne qui en font un « petit trou pas cher » !

Le village s’est donc construit progressivement, décennie après décennie, au grès des spéculations immobilières, suivant les ventes de terrains des propriétaires terriens à de nouveaux arrivants. Le plan est clair et voit se succéder les lotissements aux axes géométriques bordés de ravissantes villas avec jardins. Elles se composent généralement d’un rez-de-chaussée – surélevé ou non – et d’un premier étage, occasionnellement un deuxième et rarement un troisième, après-tout, il s’agit de demeures familiales ! Les parties basses et encadrements des ouvertures sont souvent en pierre calcaire, tandis que les remplages des murs sont en brique, plus légères. Les toitures sont habituellement couvertes de tuiles orange plates et s’élèvent souvent en pointe tels des clochers, concurrençant les pins voisins ! Un bois très présent dans les façades, comme encadrement sculpté de portes et fenêtres, rambardes, balcons, bow-windows, lambrequins dentelés sous les toits, tout est fait pour les rendre charmantes à souhait ! Ce goût raffiné pour les devantures sculptées, ajouté à leurs petits noms romantiques (Manon, Flore, Charlotte, Pâquerette, Les Bleuets, Aimée, Ma Lubie, Ma Coquette, Brunette, Les Roses, Sans-Souci, Solitude, Lointaine) en fait de vraies maisons de poupées !

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.