Sauvegarder notre Pont de Pierre

L’Ingénieur Claude Deschamps continua d’améliorer son œuvre une fois ouverte à la circulation, il fit ajouter en 1825 les quatre pavillons décorés de portiques à colonnes doriques pour les services de l’octroi. Deux ans plus tard c’est au tour de la Place Stalingrad et de l’Avenue Thiers d’être aménagées ! En 1865 Bordeaux rattache les terres de La Bastide à sa commune, désormais à l’intérieur de la ville, au tournant du XXème siècle le pont voit passer chaque jour +7750 charrettes, une soixantaine d’automobiles, environ 550 bicyclettes et 400 animaux.

En 1921 un incendie ravage les galeries intérieures dans lesquelles passent les canalisations d’eau et de gaz. Dès 1925 des voix s’élèvent pour le détruire et le remplacer par deux ponts, heureusement la population refusa. Toujours saturé par la circulation augmentant une décision ministérielle du 3 décembre 1941 prévoyait de le démolir pour le reconstruire plus large, les poursuites de la Guerre le sauvèrent in extremis ! Quoique, les mines pour le faire sauter en août 1944 lors du départ des troupes allemands avaient bien été posées, ce fut le courageux résistant espagnol Pablo Sanchez qui désamorça le dispositif, et en quittant le pont, une rafale de mitraillette allemande embusquée l’abattit sur la Place des Salinières (devant la Porte de Bourgogne), il est la seule victime de la Libération de Bordeaux.

En 1953 fut décidée la démolition des pavillons d’octroi, et l’année suivant l’élargissement du tablier jusqu’à 19 mètres. A cette occasion sont créés 4 voies de circulation, 2 pistes cyclables et des trottoirs pour les piétons. En 1984, de nouveaux garde- corps et candélabres de style fin XIXème siècle bleu marine sont posés. En 1987, 4 500 tonnes de pierre sont immergées au pied des piles pour prévenir l’instabilité du pont face aux marées. Malgré cela, en 1992 l’on constate que les quatre premières piles de la rive gauche s’affaissent plus rapidement dans la vase que les autres, il s’agit d’un à deux centimètres par an ! Des micropieux en béton sont plantés au milieu des années 90 car nécessaires pour consolider l’assise des piles. Le 21 décembre 2003 le tramway y passe pour la première fois, la foule en liesse y est réunie. Des piles sont à nouveaux renforcées en 2004 pour prévenir le passage des barques de l’Airbus 380.

Notre Pont de Pierre, débarrassé du poids et des vibrations de la circulation automobile, peut enfin respirer, car oui, il est bien vivant ! Depuis 2003, la surveillance permanente de la structure par des capteurs de déplacement et des inclinomètres révèle que les piles renforcées par des micropieux sont stabilisées, mais que les autres sont en danger. Le pont bouge avec les marées, les piles s’inclinent vers l’amont ou l’aval, vers la rive droite ou la rive gauche…

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