De nos quatre portes antiques, il n’en reste qu’une au nord-ouest dont l’emplacement est commémoré, la Porta Jovia au niveau de la Porte Dijeaux. Mais que sont devenues les trois autres ? Construites avec les murailles rectangulaires de Burdigala entre 278 et 296 pour faire face aux invasions barbares, elles démarquèrent seules nos entrées et sorties durant plus de 650 ans ! Tout en haut de l’actuelle Rue Sainte-Catherine, au niveau de l’Apple Store, se trouvait la Porta Medoca, détruite au milieu des années 1770 parce qu’elle gênait le chantier du Grand Théâtre… Son exacte opposée était la Porta de la Cadena, au niveau de la Mie Câline et de SFR, détruite en 1728 en même temps que les murailles pour la commodité de l’élargissement des rues en vigueur à l’époque. Et enfin à l’est l’entrée était symbolique, la Porta Navigera n’existait pas physiquement, mais il s’agissait de l’entrée du port intérieur de Burdigala sur l’embouchure de l’estey Devèze – rue de la Devise actuelle – avec la Garonne – la Place Saint-Pierre !
Dans les murailles antiques furent percées deux portes médiévales : la Porta Begueyra (en lien avec le marché proche) en 950 à proximité du croisement entre la Rue du Pas-Saint-Georges et le Cours d’Alsace-Lorraine, probablement détruite au XVIème siècle, et la Porte Basse (au XVIIIème siècle la canalisation de l’estey du Peugue en avant entraîna une surélévation des terrains qui enterra un peu plus la porte l’affublant de ce nom) en 980 au croisement de la Rue de Cheverus et du Cours d’Alsace-Lorraine, démolie en 1803.
La croissance démographique au milieu du Moyen-Âge força la population à quitter le ville surpeuplée et insalubre de Burdeus pour habiter le faubourg de Saint-Eloi, et le passage du Duché à l’Angleterre, menacé par les Rois de France, incita à fortifier ce dernier par un double rempart parallèle percé de six portes, dont une seule subsiste : la Porte Saint-Eloi de la Grosse Cloche, datant en partie du XIIIème siècle. La Porta deu Puts-de-Toscanan ouverte en 1189 au niveau du CIJA en travers du Cours d’Alsace-Lorraine, proche de la Porte Basse, fut détruite en 1866 lors du percement de ce dernier. La Porta de Las Eyras (en référence aux aires de terrains libres à occuper) bâtie également en 1189 à l’entrée de la Rue des Ayres et du Musée d’Aquitaine fut détruite au XVIIème siècle. La Porta deus Carmes ouverte en 1307 au croisement de la Rue Sainte-Catherine et du Cours Victor-Hugo – actuels KFC et Burger King – fut démolie en 1798. La Porta Boqueyra à l’embouchure de la rue des Boucheries et du Cours Victor Hugo n’a pas de dates précises mais annonce bien que les bouchers y œuvraient ! Sa voisine la Porta de la Rossella, du nom d’un poisson en gascon, fut bâtie en 1189 et détruite en 1606 avec ses murailles.
Puisque de 1302 à 1327 une troisième enceinte fortifiée fut levée pour protéger les faubourgs commerçants et religieux de Saint-Michel, Sainte-Croix et Sainte-Eulalie au sud, et Trompette au nord. L’on comptera alors – depuis notre actuelle et commémorée Porte de Bourgogne (alors Porta de las Salineyras) et dans le sens des aiguilles – les Portas : Pey- Miqueu, de la Graba, deu Beyssac, Senta-Croz debert la Ribeyra, de Senta-Croz, de Mirailh, Julian, Senta-Eulalia, deu Far, Sent-Syphorian, Dijaux, Sent-German, d’Audeyola, deu Redge, deu Casse, deus Paus, Sent-Pey, deu Brisson et Sent-Johan. Toutes progressivement détruites entre 1454 et 1799 par la suppression des remparts. La dernière porte fortifiée vînt tardivement et nous côtoie encore, terminée en 1496 la Porta deu Cailhau ne s’inscrit toutefois pas dans la même période de construction mais fut bien ajoutée à postériori aux remparts du XIVème siècle.
Parmi la trentaine de portes qu’ont connu les trois remparts de la ville, seules deux subsistent dans leur jus et quatre ont été remplacées par un arc de triomphe au milieu du XVIIIème siècle, les connaissez-vous ?
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