A l’origine il s’agissait d’un ensemble supplémentaire de 4 tours rondes et crénelées faisant partie d’une enceinte de deux remparts parallèles construits à partir de 1217, bordés par un fossé extérieur de 11 mètres de largeur, l’actuel Cours Victor Hugo. L’ancienne Porte Saint-Eloy bâtie en retrait en 1246, reliée par un bâtiment central qui servait de prisons municipales, fut surélevée en 1449 pour lui donner ses tours qui font culminer à 40 mètres notre Lion d’Or, blason de l’Aquitaine des Plantagenêts. En lui donnant la cloche municipale dès 1341, elle devint un beffroi, notre Grosse Cloche.
La Porte Saint Eloi devait par son aspect extérieur avertir l’arrivant de ce qu’il allait trouver dans les murs de la cité : puissance, liberté et prospérité (dans le cas où il était honnête et laborieux / forces de justice, geôles et lourdes peines dans le cas contraire). Elle était le reflet de la puissance de la Jurade, le symbole de l’Ordre et du Pouvoir, de la Liberté et des privilèges de Bordeaux. C’est pourquoi elle figure sur les armes de la ville depuis 1297.
Les Bordelais étaient très attachés à cette cloche. D’ailleurs lorsque le roi voulait les punir pour leur insubordination il lui suffisait de la faire enlever : les habitants ne tardaient pas à rentrer dans le rang pour retrouver leur emblème…C’est ainsi que Henri II la leur enleva et brisa pour les punir de leur révolte de 1548. La jacquerie des pitauds nous fit exécuter 20 officiers gabeleurs du Roi, ainsi que Tristan Mohnens le lieutenant du gouverneur sur les fossés de la Grosse Cloche. Henri II bloqua Bordeaux et commença la Répression : la ville perdit ses privilèges, fut désarmée, versa une lourde amende, vit son parlement suspendu, les tours furent partiellement détruites avec l’horloge et la Cloche emprisonnée au Château Trompette, la Jurade perdit la moitié de ses jurats et 1401 personnes furent condamnées à mort. La gabelle fut finalement supprimée dans les provinces du Sud-Ouest en juin 1549, les provinces devinrent des pays rédimés et le roi fit une amnistie générale. La cloche revint en 1561 pour la plus grande joie du peuple ! En 1592 Henri IV laissa sa marque de style Renaissance sur l’horloge nord pour rappeler que seuls les Rois de France avaient autorité ici. Puisqu’il avait été interdit d’entrée dans la ville car il frayait avec les protestants. C’était aussi en souvenir de ce refus opposé à son grand-père que Louis XIV prit une revanche à l’issue de la Fronde en 1675, la Jurade et le Parlement virent leurs compétences se réduire face à la gloire du Roi Soleil.
Elle connut de dévastateurs incendies accidentels en 1657 et 1755, l’Hôtel de Ville ne fut pas rebâti par manque de moyens, les tours extérieures furent détruites à la fin du XVIIIème siècle, seule la Porte Saint-Eloi survécut car elle portait la Grosse Cloche. De 1876 à 1877, Charles Burguet mena la restauration de la quasi-totalité du monument qui était grandement délabré. Au XXème siècle quelques réparations d’urgence furent menées, le système d’horlogerie fut quant à lui simplifié et mécanisé. Aujourd’hui assagie par son grand âge, la Grosse Cloche n’est plus le symbole virulent de notre chauvinisme que dans les livres d’histoire. En revanche, elle reste toujours aussi belle, et c’est pourquoi la nuit elle est éclairée de bleu, comme le joyau de Bordeaux !
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