Les tourments de l’abbatiale de Sainte-Croix

Le premier édifice date de 643, d’après une épitaphe du VIIe siècle, l’abbé de Fleury-sur-Loire Saint-Mommolin y est mort et enterré vers l’année 678, il était connu pour guérir les maladies mentales. Détruite par les Sarrazins en 732, mais reconstruite et de nouveau détruite par les normands à la moitié du IXe siècle. On attribue sa réédification à Guillaume V le Bon, comte de Bordeaux, sur l’emplacement de l’oratoire dédié à Saint-Mommolin, peut-être en 970. En 1127, les moines obtinrent un « droit de sauveté », désormais c’était un refuge pour fugitifs ou mendiants. En 1130 ils créèrent une paroisse sous le patronage de Sainte-Catherine pour une population constituée d’artisans tirant leurs revenus de la pêche fluviale et de la vigne. L’abbaye prospéra sous intendance anglaise grâce à son vaste domaine foncier, elle possédait des églises, prieurés, moulins, etc, et les droits qu’elle percevait tels que les dîmes et droits sur les vins vendus à Bordeaux ! Dès lors, de donations en acquisitions, le domaine s’étendit peu à peu. Les ducs d’Aquitaine successifs confirmèrent ses privilèges.

L’église abbatiale fut bâtie à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle avec une façade de style roman saintongeais, caractérisée par les voûtes en berceau, l’arc en plein cintre et les chapiteaux historiés. Elle a la forme d’une croix latine, se compose d’une nef de 39 mètres de long avec 5 travées à collatéraux, d’un transept avec une grande absidiole sur chaque bras et d’une abside polygonale 15 mètres. En 1302, la municipalité décida de construire un troisième rempart qui engloba l’abbaye dans le tissu urbain. Les XVème et XVIème siècles furent des périodes difficiles. De graves difficultés liées à une mauvaise gestion, des conflits d’intérêts et des querelles opposèrent les frères. L’entretien des bâtiments conventuels et de l’église fut négligé. La congrégation bénédictine de Saint-Maur prit alors possession des lieux au XVIIème siècle. Réputés pour leurs travaux d’érudition, ils décidèrent de rénover et de décorer l’intérieur du sanctuaire qu’ils enrichirent de nouvelles chapelles, retables, autels et boiseries. Ils réparèrent avant 1650 le vénéré tombeau de Saint-Mommolin.

Face à la pression exercée sur l’emprise spatiale des bâtiments conventuels par la densification de l’habitat tout au long du XIXème siècle, une grande partie – dont le cloître et les jardins – durent être détruits. Dès les années 1840 et 1860, Charles Burguet et Paul Abadie entreprirent des restaurations, dénaturant son aspect d’origine. Au nord-est un second clocher fut construit, dans le même style que celui préexistant. Les façades aussi se virent ajouter des arcades, fenêtres et niches pour statues, tout fut grandement enrichit pour étoffer « la ruine ».

L’iconographie des voussures centrales devait traduire la force de l’église triomphante et militante que le fidèle de l’époque savait interpréter. Ainsi la représentation d’hommes tirant sur une corde peut symboliser les efforts que l’âme doit faire pour atteindre le Paradis. Les motifs des portes secondaires quant à eux peuvent représenter les pêchers interdisant tout salut éternel. Sur l’arcade de droite on peut considérer que la luxure est symbolisée par une femme mordue aux seins par un serpent ! Celle de gauche peut stigmatiser l’avarice avec un homme ployant sous le poids d’une bourse pendue à son cou et tourmenté par le démon…

Réservez vite notre visite des « Eglises, Sacrée Ligne D ! » pour en découvrir plus !

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.