Contrairement à la Grosse Cloche qui l’était vers l’Aquitaine ! Nos deux Portes de ville sont en effet les deux seules restantes – qui n’aient pas été transformé en arc de triomphe – grâce à leur importance historique, symbolique, politique et populaire : elles se détestent !
Il existait auparavant dans les remparts de la ville une ancienne porte située en arrière de l’actuelle, la Porte du Palais percée au XIVème siècle. Notre actuelle Porte Cailhau fut construite entre 1493 et 1496 à l’initiative des jurats de Bordeaux par Raymond Macip. Comme certains châtelets de la fin du Moyen-âge, la porte s’élève sur trois niveaux de plan ovale, mais fut élevée dans un style gothique Renaissance (mâchicoulis, toitures aiguës de 35 mètres de haut, lucarnes, lanternes), ce qui était nouveau en France !
Dans le but de montrer leur récente et imposée allégeance au royaume de France, les Jurats ont profité de sa construction pour la dédier au roi de France Charles VIII, vainqueur à la bataille de Fornoue en 1495. Sa statue figure au centre de la façade côté fleuve, entourée de Saint-Jean-Baptiste et l’archevêque d’Epinay. Côté place l’on y retrouve les armoiries royales et symboles de la chrétienté. Tournée vers la France donc mais pourtant bien d’ici, que son nom gascon provienne soit des cailloux (appelés « calhaus » et qui étaient accumulés à ses pieds en servant de lest aux navires anglais) ou soit de la grande famille bourgeoise bordelaise médiévale des Cailhau qui donna plusieurs maires à la ville au XIII-XIVe siècles !
Faite pour la guerre, elle ne l’a pourtant jamais connu ! Les fortifications érigées en aval, le report des combats sur d’autres fronts, et les innovations techniques militaires, l’ont rendu obsolète. Son premier étage était la chambre de la herse qui fermait cette entrée principale – François Ier, Charles Quint et Marie de Médicis y passèrent ! – du Port vers le Palais de l’Ombrière en arrière-plan. Il s’agissait donc d’un édifice défensif, dont on peut encore voir les éléments dans cette salle : l’emplacement de la herse, l’assommoir qui servait à lancer des projectiles et de l’eau bouillante sur les assaillants, ainsi que les deux canonnières pour les couleuvrines. Son deuxième était la salle principale, le bureau des officiers, très bien éclairée par les trois fenêtres à meneaux encadrées de pilastres à pinacles, surmontées d’accolades à crochets. Elles permettaient d’observer tant le fleuve que la ville. Au-dessus, aveugle de l’extérieur, se trouvait la salle d’arme – la poudrière – entourée d’un chemin de ronde – les mâchicoulis – percé de batailleries pour que les arbalétriers et archers puissent tirer sur les ennemis venant du fleuve ou de la ville ! En enfin les combles au quatrième étage servaient pour du stockage et de l’observation, avec ses fenêtres orientées vers le Port et la rive droite, d’où arrivaient habituellement nos ennemis.
Inutile mais belle, elle fut sauvée de la destruction de ses consœurs et remparts au début du XVIIIème siècle, lors de l’aménagement des habitations nobles du Quai Bourgeois, un renfoncement dans les façades fut même opéré pour ne pas lui cacher la vue. La Porte Cailhau fut toutefois en déshérence, et habitée par un peseur de sel, un cordonnier et un écrivain au XIXème siècle ! Chassés, elle put être restaurée de 1882 à 1890 par Charles Durand selon la conception de Viollet-le-Duc. Ravalement de façade, remplacement des statues, installations de nouvelles batailleries, consolidation des sols-plafonds des étages, refonte des vitraux et des serrures, puis dégagement du monument par la destruction des maisons qui y avaient été accolé afin de faciliter la circulation.
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