La fontaine des Trois-Grâces

En 1849 un notable bordelais demanda à Louis Visconti de réaliser des fontaines monumentales pour la Ville. Après la mort du sculpteur en 1854, son fils fit don à la municipalité bordelaise des plans et devis des fontaines. Mais il fallut attendre 1865, pour que le maire Henry Brochon propose d’ériger la fontaine des Trois Grâces sur la place de la Bourse tout en demandant de réexaminer les devis d’origine. Les statues étaient prévues en marbre blanc et il proposa l’emploi de la fonte de fer au lieu du bronze pour les parties métalliques. Galvaniser la vasque comme celles des fontaines de la place de la Concorde à Paris ne lui paraissait pas indispensable, une peinture bien faite lui semblait préférable, il fut aussi voté une réalisation des Trois Grâces et de leurs accessoires en bronze. En 1868 le projet de décoration de la place de la Bourse conçu par l’architecte Garros fut rejeté, le conseil municipal lui préférant celui de Maître, un jeune architecte bordelais qui mettait mieux en valeur la fontaine.

En 1869 on installa enfin la Fontaine des Trois Grâces après 2 ans de réalisation par les sculpteurs Charles et Alphonse Gumery pour les Grâces, et Amédée Jouandot pour les enfants sur les dauphins au pied de la vasque et les sculptures en pierre du piédestal. On raconte qu’on demanda en 1869 à l’archevêque de Bordeaux, le cardinal Donnet, de venir bénir la fontaine au milieu des autorités civiles, militaires et municipales, et qu’il répondit en déclinant l’offre : « Je suis fait pour bénir les statues des Saints et non les seins des statues ! ».

Nous y voyons un monument qui pèse environ 335 tonnes, pour 10 mètres de hauteur, rénové en 1890, 1930 et 2004. La statuaire offre trois beautés antiques peu vêtues, parées d’un collier, arborant un gracieux jeu de jambes, aimables et souriantes. Leurs noms sont inscrits : Aglaé qui représente la Splendeur et le Beau est la plus jeune, Euphrosyne représente la Joie, et Thalie la Floraison, la Fertilité et l’Abondance. Leur rôle était de susciter les œuvres d’art, les travaux féminins, en somme tout ce qui embellissait la Vie ! Depuis octobre 2009 une campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein utilise comme vecteur les Trois Grâces enrubannées de rose et baignant dans une eau rosée.

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