La course landaise

S’il vous prenait l’envie de pousser un peu plus loin votre voyage dans la région, vous pourriez assister à une vieille tradition haute en couleurs, riche en sensations fortes et à la fois familiale…

Les plus anciennes traces écrites de tradition taurine dans le sud-ouest datent de 1457 à Saint-Sever dans les Landes. Elles font état de lâchers de vaches et de bœufs dans les rues, s’apparentant plus à un encierro. La pratique évolua au cours du XIXème siècle, avec notamment l’apparition des arènes (qui, contrairement à celles espagnoles, ne sont pas rondes ! Les arènes classées d’Estang, datant de 1901, sont une belle illustration de cette typicité gasconne) et l’utilisation de bétail brave ibérique qui supplanta les races locales. Les hommes empruntèrent un peu de lumière aux costumes de leurs voisins du sud et la vache se vit adjoindre une corde et des « tampons » au bout de ses cornes.

La vache, oui ! Ce qui donne à la course landaise son caractère unique au monde, c’est l’utilisation quasi exclusive (sauf à l’occasion de quelques festivals) des femelles. Celles-ci sont appelées coursières et peuvent, pour les meilleures, faire carrière pendant plus de dix ans. En effet, de même qu’en course camarguaise, il n’y a ni blessure ni mise à mort de l’animal et les vaches retrouvent leur pré à la ganaderia (élevage) à l’issue de la course… jusqu’au week-end suivant ! C’est ce caractère répétitif de l’exercice qui rend indispensable l’usage de la corde pour permettre le replacement de l’animal et la bonne réalisation des figures ; la coursière apprenant tout au long de sa vie, elle devient de plus en plus compliquée et malgré cet artifice les coups, appelés tumades, sont souvent très rudes…

Les hommes, et quelques femmes, qui exercent ici leur passion ne manquent pas de courage pour affronter les cornes ! La cuadrilla (équipe) se compose de six à sept écarteurs, un ou deux sauteurs, deux entraîneurs, un cordier et le chef de cuadrilla. Les entraîneurs placent la vache dans l’axe de la piste, le cordier est au bout de la « ficelle » prêt à intervenir. L’écarteur attend au centre la charge de l’animal qu’il devra dévier en exécutant sa figure, lui-même ne perdant qu’un minimum de terrain. Viendront également les envolées gracieuses des sauteurs qui, de sauts de l’ange en périlleux vrillés, tromperont la bête par les airs… Beaucoup d’émotions en perspective sur les « étagères » !

L’ambiance, bien que parfois sérieuse (c’est un sport fédéral, avec des points, des classements (escalot)…un titre de champion de France à la fin de la saison !), reste festive et bon enfant. La musique rythme l’après-midi, avec notamment la Marche Cazérienne qui accompagne le paseo (défilé) de la cuadrilla au début et à la fin de la course. Les couleurs et les paillettes sur les boleros feraient presque oublier le danger qui rôde en bas…

Ce savant mélange vous fera à coup sûr passer un excellent moment que petits et grands n’oublieront pas de sitôt !

Par Gaëlle Sentucq

*La temporada (saison) s’étale de mars à septembre, nul doute que vous trouverez bien une date lors de votre passage dans la région en consultant le calendrier sur le site de la FFCL.

Evénements notables : la Corne d’Or à Nogaro le 14 juillet élit la meilleure coursière de la saison – le Concours des Fêtes de Dax en ouverture de la feria – Le Festival Art & Courage et La Nuit du Toro, qui voit les toreros landais exercer leur art face à des toros cette fois…

** Vous avez également le Musée de la Course Landaise à Bascons.

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