La Basilique Saint-Michel, ses vieilles pierres

Ce quartier était celui des marchands et artisans tels que « carpenteyres » (charpentiers) ou « fustiers » (tonneliers), mais ce furent des mariniers et marchands qui fondèrent une petite chapelle au VIIIème siècle au lieu-dit du « Puyaduy de Sent Miqueu », espace de vignes et marécages. Restaurée au siècle suivant par le duc d’Aquitaine Guillaume VIII, elle fut donnée en dépendance à l’abbaye de Sainte-Croix puis remplacée par une église romane dont on trouva les traces au XIXème siècle. Les fouilles menées en 1988 ont aussi mis à jour des structures d’habitations et un cimetière détruit au XVIIIème siècle, celui des momies !

Le Roi de France Louis XI fit relancer le chantier de l’église car il avait une véritable dévotion envers l’archange Saint Michel, et un certain intérêt pour la richesse de cette paroisse très importante. Les dons et legs affluèrent et l’on fit appel à des maîtres maçons saintongeais. Jean Lebas entreprit la construction de la nef et du transept actuel. De nombreux artisans et artistes façonnèrent ses ravissantes façades parsemées de gargouilles, chapiteaux et tympans sculptés de saints personnages, de végétaux et d’animaux. Ne manquez pas d’en faire le tour complet pour tous les dénicher !

La Basilique mesure 75 mètres de long du chœur à l’entrée de la nef pour 38 mètres de large d’un croisillon à l’autre, elle est le plus grand lieu de culte paroissial bordelais. Elle est caractéristique du style gothique flamboyant. La nef de 23 mètres de haut compte quatre travées et est entièrement couverte d’une voûte d’ogives oblongue de même que les bas-côtés. Un large transept saillant sépare symboliquement la nef du chœur formé de trois travées et qui reprend les dispositions de la nef. Trois absidioles polygonales ferment l’ensemble. A la croisée des vaisseaux le projet d’élever un clocher n’a pas abouti, d’où le trou toujours présent qui aurait servi à faire passer les cloches.

Dès 1466 l’église fut élevée au rang de Basilique et un collège de chanoines s’y installa alors qu’elle était encore en construction. Elle s’agrandit et s’embellit sous son règne, trois ans plus tard Louis XI créa l’Ordre de St Michel. Les murs du chœur furent achevés l’année suivante, les extrémités du transept au début du XVIème siècle seulement. Le chantier fut repris par Olivier Maubrun, puis par son fils Henri, de 1507 à 1579, avec l’utilisation du style gothique pour les travées occidentales et plusieurs chapelles latérales. Confréries et corporations contribuèrent par des donations à l’avancement des travaux lesquels ne furent pas achevés avant le XVIe siècle. Mais le 15 février 1693, les voûtes du chœur, du transept et de l’un des bas-côtés s’effondrèrent, leur reconstruction fut lancée au début du siècle suivant.

La Basilique devint une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pendant la Révolution, le chœur et l’abside furent affectés au culte assermenté tandis que le transept et la nef accueillirent un temps dédié à la déesse Raison. Rappelez-vous notre article du mois précédant, la Cathédrale Saint-André n’en était plus une ! En 1873, la finalisation de la destruction du cimetière, de la sacristie et des maisons laissa à la place un vaste espace où se tient son fameux marché ! Victimes de l’explosion de deux bombes lors de l’unique bombardement allemand de la ville dans la nuit du 19 au 20 juin 1940, les vitraux durent être refait dans les années 50, un style moderne qui a toujours un peu de mal à passer auprès des bordelais…Qu’en dîtes-vous ?

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