Bonjour ! Je m’appelle Alexandre, guide conférencier interprète à Bordeaux, girondin d’origine et très chauvin de notre patrimoine ! Aujourd’hui je vais vous parler de quelques artistes homosexuel(le)s connu(e)s ou méconnu(e)s !
Celle qui n’a fait que côtoyer notre région durant son enfance mais a illuminé Paris de son audace fut Rosa Bonheur. Née en 1822 dans une famille d’artistes, peintres et sculpteurs, elle découvrit tôt ses propres talents dans ces domaines, et aussi son amour de jeunesse Nathalie Micas, avec qui elle ne partagea pas sa vie mais resta en contact. Afin de s’inspirer des animaux dont elle se faisait spécialiste, il lui fallait fréquenter les zoos et autres foires aux bestiaux, environnements guères pratiques pour les robes du XIXème siècle, ça tombait bien elle détestait ça et se faisait une joie de s’habiller avec des vêtements masculins ! Il lui fallait d’ailleurs pour cela une autorisation de la préfecture de Paris, renouvelable tous les 6 mois, afin de porter des pantalons ! Elle poussait l’affront jusqu’au bout avec sa canne, son veston, chapeau haut de forme et cigare ! Elle ne cacha jamais ses amours lesbiens, fit fi des conventions sociales et carcans imposés aux femmes de l’époque, s’affranchie autant que possible, vécue libre jusqu’en 1889. Médaillée de la Légion d’Honneur, fréquentant l’intelligentsia parisienne et la famille impériale, il n’y eut pas de plus grande peintre et sculptrice au XIXème siècle !
Un succès que ne connut pas notre petit Jean Berge, né en 1863 d’une famille bourgeoise de commerçants et morutiers, possédant des propriétés à Royan, Arcachon, Bordeaux, Bègles et Bassens. De par son environnement familial très puritain il dû cacher ses préférences amoureuses et ne put les vivre qu’à Paris parmi ses amis, aussi de La Maison, dans les fameux « salons de », chez la Comtesse Schärffenberg, Diane, ou encore Sarah Bernhardt. Un milieu mondain où les homosexuel(le)s et artistes se rencontraient et se mélangeaient dans les plus folichonnes et dispendieuses soirées ! Il y vécut un amour intense, mais bref, avec le héros de la littérature nationale hongroise Sigismund de Justh, décédé subitement. Jean Berge ne fut plus le même, plus de frasques, plus de poèmes de qualité – si les précédents l’étaient… – et le goût des vacances ou des soirées entre ami(e)s s’en vit fané. Il dilapida le peu de fortune familiale qu’il n’eut jamais eu, ses frère et sœur s’arrangèrent pour l’évincer et faire disparaître ses étranges manières de la famille, il finit seul en maison de retraite à Saint-Macaire où il décéda en 1935, enterré dans une fosse commune, non réclamé…
Celui-ci en revanche fut acclamé, mais pas de louanges de son vivant du moins ! L’indomptable Pierre Molinier, naquit à Agen en 1900, s’essaya à la peinture de nature morte et de portrait comme ses pairs, jusqu’à la seconde guerre mondiale. Là, traumatisé – ou révélé ! – il fut initié parmi les surréalistes par André Breton à Paris, et ce fut le début de ses scandaleux succès. Enfermé tel un ermite dans son appartement, sous les toits du 7 rue des Faussets, en plein cœur du quartier Saint-Pierre, il peint en mélangeant à sa peinture son sperme « pour donner le meilleur de lui-même dans ses toiles », scabreuses, libidineuses, moralement très offensantes pour la société religieuse et chaste de Bordeaux sous Chaban-Delmas. Puis vint ses montages en photographie dans les années 60 et 70, fétichiste des talons aiguilles et bas résille, tant sur homme que sur femme, il a la réputation de coucher avec ses modèles. Et ils/elles furent nombreux à passer par son atelier. La réputation de la célèbre « Emmanuelle » Arsan n’y est pas pour rien. Décadent et fier jusqu’au bout, il se suicida en 1976, après s’être mis en scène, pour ne pas avoir à se faire opérer de la prostate qui allait perturber sa libido… Quel homme !
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